PORTRAIT DE BASSINE : SALLES

Je suis la réserve de Salles, « l’inutile ».

– Savez-vous que j’ai la chance de côtoyer un petit affluent du Pamproux, le “Bougon “, qui nous arrive d’un célèbre lieu chargé de préhistoire !
Du haut de mes 15,6 m je le surplombe et lui fais de l’ombre sur près de 500 m !
Je ne suis pas la plus grande des réserves et pourtant je pourrais contenir plus de 500 000 m3 d’eau. Ça correspond tout de même à la consommation d’eau des habitants du village de Salles pendant 30 ans !
Je vais remplacer de superbes terres agricoles sur les 15,6 Ha de mon emprise. Pour pouvoir me remplir, je pourrais compter sur mes 12 km de canalisations !

Ces tuyaux vont traverser la campagne pour relier les 2 pompages qui permettent mon remplissage et raccorder les 14 points que j’alimenterai. Plus de 1 470 m² de zones humides pourraient être dégradés par la pose des canalisations. Ces zones sont pourtant d’un intérêt majeur pour la biodiversité. C’est même mes concepteurs qui le disent !
Même si les moteurs de mes pompes sont très puissants, il faudra 2 mois pour me remplir… en pompant 250 000m3 dans le Pamproux, déjà très impacté par le remplissage des trois bassines existantes, et le reste dans la nappe phréatique qui alimente nos rivières en période estivale …
D’ailleurs, celle qui se trouve ma voisine se plaint de ne pas avoir toute l’eau qu’on lui avait promis l’hiver. Hé oui, depuis 2013, suite à l’intervention des pêcheurs qui font le suivi des frayères le préfet a dû prendre chaque hiver des arrêtés d’interdiction de remplissage tellement les niveaux étaient bas. Les bassines ont été alors remplies à la “va-vite “de fin février au 1 avril (à noter qu’une bassine a déjà bénéficié d’une dérogation sur les 15 premiers jours d’avril !)
C’est un peu pour ça que l’on me surnomme l’inutile… Même pas construite, je suis presque certaine de ne pas être complètement remplie l’hiver.

On me surnomme aussi l’inutile parce que, comme l’ont confirmé mes concepteurs, je ne serai pas d’un grand secours pour le milieu. Ainsi, ils indiquent que les effets seront presque sans gains de débit estivaux, donc négligeables pour le biotope
Je suis la réserve de Salles, « l’inutile ».

Le Pamproux à Salles :
Le Pamproux, typique résurgence de plaine, abrite dans ses eaux claires et froides la dernière population native de truites du département.
Savez-vous que la bassine de Salles va prélever 250 m3/heure directement dans le Pamproux en pleine période de reproduction des truites !
Savez-vous que ce cours d’eau montre aussi, au travers des suivis piscicoles, la plus riche population d’anguilles adultes du bassin de la Sèvre Niortaise ?
Cette espèce très menacée par les pêches intensives de ses bébés les civelles, a aussi besoin de zones riches en invertébrés capables de leur donner les forces pour leur périlleuse migration vers la mer des Sargasses !
Sans parler des espèces d’accompagnement comme les épinoches, chabots, lamproies de Planer etc…
Bref nous sommes en présence d’un véritable joyau qu’il faut absolument préserver!
Et puis, la pérennisation de la bonne qualité de ces milieux n’est-elle pas garante de notre sécurisation à l’accès à une eau compatible avec les exigences de potabilisation ? Le Pamproux fait partie de la zone ressource de la prise d’eau de la Corbelière qui reste déterminante en cette période de crise d’eau potable.
En effet le Cebron ne peut plus potabiliser son eau stockée trop chargée en matière organique, et il est presque vide. La source du Vivier à Niort est au bout de ses stocks et l’eau de du barrage de la Touche Poupart doit être mélangée pour être potabilisée ! Il se murmure que nous sommes déjà branchés sur le réseau Loire qui nous fournit parait-il de l’eau très coûteuse à dépolluer !
Doit-ont faire payer la communauté en versant des fonds publics à un projet inutile, qui met en danger notre eau potable ?
Philippe Gautier et Guillaume Guerin pour l’APPMA des pêches sportives de Saint Maixent